Dionysos et Vésale : deux structures pour améliorer le bien-être de nos aînés

Avec la crise sanitaire et les mesures mises en place durant l’année 2020, Iriscare a dû ralentir ses visites sur le terrain. La direction d’Iriscare a cependant eu l’occasion, en début d’année, d’aller à la rencontre de deux structures aux profils différents : le projet Dionysos et la Maison Vésale.

C’est devenu une tradition: chaque mois une petite équipe d’Iriscare va à la rencontre d’une institution agréée et/ou subventionnée par notre institution. Avant que la crise sanitaire et les mesures qui l’accompagnent chamboulent notre quotidien, la direction d’Iriscare a eu l’occasion de rendre visite à deux d’entre elles.

Un nouveau chapitre pour Dionysos

« Dionysos : protecteur du figuier, arbre millénaire et mythique capable de prospérer dans tous les sols. Il incarne le potentiel de vie, la fécondité et le renouveau », nous annonce le site de l’unité mobile bruxelloise du même nom, projet du service de santé mentale Rivage-den Zaet. Au vu de son histoire qui a débuté il y a un peu plus de 10 ans, le nom de ce projet n’aurait pas pu être mieux choisi. L’objectif : remettre la personne âgée au centre des décisions et retarder son entrée en maison de repos. Bref, proposer une alternative au placement en institution des personnes de plus de 60 ans. Lorsque le processus est lancé pour un patient, des réunions de concertation sont organisées. « On offre la possibilité aux différents acteurs du réseau qui gravitent autour de la personne âgée d’être mis en contact », explique Dr Jean-Pierre Ermans, médecin-directeur du service de santé mentale Rivage-den Zaet. Le réseau, c’est le patient, sa famille mais également les prestataires de soins.

Mais en 2018, l’avenir de cette équipe d’une quinzaine de personnes s’occupant chaque année de 180 patients bruxellois est compromis. Soutenu depuis 8 ans par le fédéral, le renouvellement du financement du projet n’est plus garanti. « Il est très difficile de mesurer notre impact sur le report d’entrée en maisons de repos », précise Mazlum Kara, directeur administratif de Dionysos. Pourtant, selon une étude commandée par l’INAMI, même si c’est difficile à prouver, de nombreux points positifs du projet peuvent être soulevés : diminution du niveau de dépression des personnes âgées accompagnées, meilleure consommation des soins de première ligne et surtout meilleure qualité de vie pour les personnes âgées. Faute de subside, l’équipe a dû stopper ses activités pendant quelques mois, avant de pouvoir ouvrir un nouveau chapitre grâce au soutien d’Iriscare.

Pour Iriscare, il est important de suivre de près un projet comme Dionysos qui répond aux préoccupations des aînés Bruxellois. C’est pourquoi Tania Dekens (Fonctionnaire dirigeant d’Iriscare) et son adjointe, Anne Ottevaere, ont décidé de se rendre sur place afin de rencontrer l’équipe de ce projet et leur montrer leur soutien. « C’est la première fois qu’une administration nous rend visite. C’est très chouette, c’est une preuve d’intérêt », se réjouit le Dr Jean-Pierre Ermans. Et Tania Dekens d’ajouter : « Nous sommes ravis de pouvoir soutenir ce dispositif important pour notre société et notre avenir. La prise en charge de patients âgés fragilisés est l’un des défis à relever et Dionysos montre, à Bruxelles, une voie qui pourra être suivie par d’autres. »

La dédiabolisation de la démence au cœur du projet de la Maison Vésale

À quelques pas du Sablon, difficile d’imaginer qu’une petite oasis en plein centre de Bruxelles s’ouvre à nous en passant les portes de la Maison Vésale. Un espace très lumineux, une musique zen en fond, un large accueil, quelques plantes… On sent tout de suite que l’on vient d’entrer dans une maison de repos et de soins à la philosophie bien particulière. Au détour des couloirs, on retrouve un jardin d’hiver, un potager urbain, des murs sensitifs, une dalle de luminothérapie, un espace thalasso, des chambres d’amis, un coin zen, un salon cosy, des vitrines avec des souvenirs près des portes de chaque chambre… Du 7ème étage où l’on retrouve la cafétéria et la terrasse, une vue impressionnante de la capitale s’offre aux 128 habitants (20 lits MR et 108 lits MRS).

Si ce projet a officiellement vu le jour en mars 2017, il a en réalité commencé bien plus tôt. « La réflexion a débutée il y a 12 ans. À l’époque, on remarquait déjà que 40 % des bénéficiaires des maisons de repos du CPAS de Bruxelles présentaient des signes de désorientation. C’est suite à cette observation qu’est née l’idée d’une maison de repos qui accueillerait uniquement des habitants qui présentent une MAMA (maladie d’Alzheimer ou maladie apparentée) », explique Raphaël Kremer, directeur général des établissements de soins du CPAS de Bruxelles, lors de la visite d’Iriscare en février 2020. Les activités sont nombreuses pour les habitants qui ont élu domicile à la Maison Vésale. Elle se présente comme un lieu de vie qui se veut le plus proche du « comme chez soi ». Dès lors, chaque point de son approche est pensé pour proposer une maison de repos et de soins qui soit la moins institutionnalisée possible et dans laquelle les habitants puissent s’épanouir en toute sécurité.

Premiers points importants de cette approche : l’accompagnement et l’engagement du personnel. « On travaille avec l’ASBL Senior Montessori. Tous les membres du personnel ont suivi une formation de 40 heures », explique Michaël Artisien, directeur de la Maison Vésale (ndlr : la philosophie Montessori veut favoriser la confiance en soi et l’autonomie tout en permettant à la personne d’évoluer à son rythme et en toute liberté). La Maison tend également vers la non-contention (ndlr : on évite donc les dispositifs et procédés qui entravent la mobilité des habitants) et la libre circulation. On ne trouvera donc pas de barreaux aux lits, les habitants se lèvent et mangent quand ils le désirent, les ascenseurs sont libres d’accès et la Maison est accessible 24h/24. Dans chaque sas d’ascenseurs, on retrouve une thématique particulière avec des images, des sons, des odeurs… autant d’éléments qui servent de repères subtils aux habitants de la Maison. « Nous travaillons également avec la STIB et on peut donc retrouver dans la Maison des coins avec des banquettes de tram. Cela leur permet de retrouver des choses qu’ils ont connues », explique Michaël Artisien. La Maison Vésale développe un cadre de vie qui est le moins contraignant possible pour l’habitant. De l’architecture du bâtiment au travail du personnel, tout a été pensé pour y arriver.

Nul doute que, face au vieillissement de la population, l’accueil de nos aînés est un enjeu majeur et que des initiatives alternatives contribuant à offrir une vie de qualité dans la dignité et la sécurité devraient continuer à voir le jour et nourrir la réflexion de l’ensemble des acteurs bruxellois.